20 novembre 2023
Figure de maîtres – Mes Anne-Marie Boucher et Mitch Garber
Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat
Le 13 novembre dernier, dans le cadre des Grands entretiens avec le bâtonnier, Me David Ettedgui s’est entretenu avec deux figures marquantes du monde des affaires : Mes Anne-Marie Boucher et Mitch Garber.
En couple depuis l’École du Barreau, Mes Boucher et Garber se sont lancés en affaires, chacun à sa façon et à son rythme. Généreux de leur temps et de leur argent, ils s’investissent aussi depuis des années au sein de plusieurs organismes de bienfaisance.
Me Anne-Marie Boucher : la passion de développer
Membre du Barreau du Québec depuis 1992, Me Boucher est l’une des co-fondatrices de BCF et siège aujourd’hui sur le conseil d’administration de plusieurs entreprises et organismes. Sa carrière est marquée bien sûr par la passion pour les affaires, mais aussi par le besoin de former la relève et de partager ses connaissances.
Avant de faire ses études en droit, Me Boucher a passé une année dans les Forces armées canadiennes et a travaillé aussi un an au Pérou dans un orphelinat. En plus d’avoir été enrichissantes, ces expériences lui ont permis d’améliorer son anglais et son espagnol et de pouvoir devenir monitrice de langues pour payer ses études. Me Boucher a fait son baccalauréat en droit à l’Université de Montréal avant de compléter une maîtrise en fiscalité à l’Université de Sherbrooke. C’est une de ses professeures en fiscalité, Diane Bruneau, qui l’a mise en contact avec Me Guy Lord qui pratiquait en droit fiscal au sein de Clark Woods Rochefort Fortier. C’est dans ce cabinet où Me Boucher a fait son stage en droit et a débuté sa carrière.
Quelques années plus tard, Me Boucher fonde avec des collègues la firme Brouillette Charpentier Fournier, qui deviendra éventuellement BCF. Sa rencontre avec Me Mario Charpentier, qui a été associé directeur de BCF pendant 25 ans, a été déterminante : « Ayant tous les deux le goût des affaires et une bonne tolérance au risque, nous voulions bâtir notre propre entreprise. Notre objectif était de desservir les PME de A à Z, pas juste le volet entreprise, mais aussi le volet personnel, notamment en matière de fiscalité et de planification successorale. »
Chez BCF, elle pratique en droit fiscal jusqu’à son départ pour l’Europe en 2006 où son mari avait accepté un poste. À son retour au Canada, quelques années plus tard, elle continue chez BCF à titre d’avocate-conseil. En 2018, elle participe au lancement de BCF Ventures, un des premiers fonds de capital de risque corporatif lancé par un cabinet d’avocats, dont elle dirige aujourd’hui le comité aviseur. « Au cours des années, j’ai pu développer un bon flair en affaires. J’aime l’entreprenariat, j’aime participer à cet écosystème, et surtout mettre les gens en contact pour construire quelque chose. »
Aujourd’hui, Me Boucher siège sur les conseils d’administration de Carebook technologies et Lynx Air, deux entreprises en développement où tout est à bâtir. Tout comme pour son mari, la philanthropie occupe une place importante dans sa vie. Elle siège notamment sur les conseils d’administration de la Fondation de l’hôpital St. Mary, de Canada Alpin, de la World Widlife Fund, du Weizmann Institute of Science, du Musée McCord et est présentement la présidente de la Fondation communautaire juive de Montréal.
Au fil des ans, Me Boucher a également consacré beaucoup de son temps à l’enseignement. En plus d’avoir été monitrice de langues pendant ses études, elle a enseigné la fiscalité à l’Université de Montréal et à l’Université de Sherbrooke. Elle s’efforce encore aujourd’hui de partager ses connaissances avec la prochaine génération. Avec ses enfants, neveux et certains de leurs amis, elle a lancé dernièrement un fonds de capital de risque, Lalotte Ventures (ce nom s’inspire du mot « croissance » en hébreu) afin de les initier à ce type d’investissements.
Me Boucher reconnaît la chance inouïe d’avoir eu comme mentor Me Mario Charpentier, mais aussi son mari, Mitch Garber, comme partenaire : « Mon mari et moi avons des talents différents, mais ensemble nous sommes complémentaires et nous sommes devenus une véritable force ». Les affaires occupent une place importante dans sa vie familiale et sont devenus un élément rassembleur : « Notre objectif à Mitch et moi est de continuer à intégrer nos enfants, qu’ils prennent le leadership et qu’ils s’investissent dans tous nos projets philanthropiques. Nous voulons que la philanthropie fasse partie de notre ADN familial. »
La tête encore pleine de projets, Me Boucher souhaite continuer à transmettre ses connaissances à la nouvelle génération pour que celle puisse trouver aussi sa place.
Me Mitch Garber : l’homme d’affaires avocat
Membre du Barreau du Québec depuis 1990, Me Mitch Garber s’est lancé en affaires après avoir pratiqué en litige pendant plusieurs années. Au fil des ans, il est devenu une personnalité publique, n’ayant pas la langue dans sa poche et s’impliquant activement dans sa communauté.
Me Garber complète un baccalauréat en relations industrielles à l’Université McGill avant de faire ses études en droit à l’Université d’Ottawa. De 1990 à 1999, il travaille chez Lazarus Charbonneau où sa pratique est très diversifiée : « J’allais au palais de justice presque tous les jours, ce qui m’a permis de développer mes aptitudes pour le débat et surtout de pouvoir penser et réagir rapidement sous pression. Ces leçons que j’ai apprises devant les tribunaux m’ont servi toute la vie ».
En 1999, à 35 ans, il quitte la pratique du droit et démarre avec deux amis SureFire Commerce inc., une entreprise de traitement de paiements en ligne. Pour lui, se lancer en affaires était un risque très calculé et réfléchi. En 2006, il devient le PDG de Party Gaming Plc avant de prendre la tête quelques années plus tard de Caesars Interactive Entertainment, une entreprise de jeux numériques dont il est devenu le premier investisseur privé. Par la suite, il devient aussi le PDG de Caesars Acquisition Company qui détient plusieurs hôtels et casinos à Las Vegas. À quoi doit-il tous ses succès? « Il ne fait pas de doute dans mon esprit que les deux choses qui ont propulsé ma carrière sont d’avoir fait des études en droit et d’être bilingue, même trilingue. J’ai toujours senti qu’on avait un certain respect pour les gens capables de parler plusieurs langues. »
Pour Me Garber, l’élément commun à la pratique du droit et aux affaires est la capacité de résoudre des problèmes : « J’aime beaucoup négocier et surtout comprendre les éléments d’un problème pour arriver à une solution bonne pour tout le monde. L’avocat a aussi une façon unique de lire un document et de penser. C’est ce que j’ai appris en droit et que j’ai su transposer en affaires. »
Un peu provocateur, Me Garber ne craint pas de prendre la parole et compte aujourd’hui plus de 45 000 abonnés sur X. Au cours des années, il a également été commentateur sportif et a participé à l’émission de télévision Dans l’œil du dragon. Aujourd’hui, il continue d’investir dans plusieurs entreprises, en plus de siéger sur le conseil d’administration de certaines. Il est aussi l’un des propriétaires du Kraken de Seattle, une équipe de hockey de la LNH.
Me Garber et son épouse investissent beaucoup de leur temps et argent dans différentes causes. Celle qui lui tient le plus à cœur est Centraide, notamment parce que celle-ci vient en aide à plusieurs organisations montréalaises et québécoises : « On est très chanceux d’habiter à Montréal et on a une qualité de vie extraordinaire. Si on ne s’occupe pas des plus démunis de notre ville, qui va le faire? Tous les avocats ont une responsabilité à cet égard, parce qu’ils ont souvent plus de moyens que d’autres. »
Son attachement à la profession n’est sûrement pas étranger au fait que son épouse est également avocate : « Être tous les deux des avocats nous a permis de trouver des façons d’être en désaccord, de prendre la parole chacun à son tour et de faire preuve de respect pour l’autre. » Malgré ses succès en affaires, la notoriété et les prix qu’il a gagnés, Me Garber est avant tout fier d’être un avocat montréalais et souhaite que ses confrères et consœurs partagent cette même fierté.
Le prix Pierre-Fournier est décerné chaque année à une personne qui s’est signalée par sa contribution exceptionnelle au Barreau de Montréal et à ses activités.
Pour voir la liste de ses récipiendaires depuis sa création en 1992, cliquez ici.