19 août 2024

Figure de maître – Me Louis Bouthillier

Me Louis Bouthillier : au service de la justice

Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat

Le 5 septembre prochain, lors de la cérémonie de la Rentrée judiciaire (cliquez ici pour vous procurer vos billets), la médaille du Barreau de Montréal sera remise à Me Louis Bouthillier qui, depuis son assermentation en 1986, est procureur de la Couronne au bureau de Montréal. Depuis plus de 25 ans, Me Bouthillier agit dans des procès devant jury, essentiellement des dossiers de meurtre. Rares sont les avocats qui font exclusivement des procès d’assises qui ont eu une carrière aussi longue que la sienne.

Dès qu’il a commencé ses études en droit à l’Université de Montréal, Me Bouthillier a su qu’il voulait pratiquer en droit criminel, notamment parce qu’il trouvait les causes intéressantes au niveau factuel. Il aurait aimé commencer sa carrière comme avocat de la défense au sein d’un bureau d’aide juridique, mais a plutôt fait son stage à la Couronne où il a tout de suite été lancé dans l’action : « Le monde juridique criminel a beaucoup évolué depuis 40 ans. Aussi, les procès sont devenus plus longs, plus complexes. On a toujours l’arrêt Jordan à l’esprit, à chaque décision que l’on prend. Avant, je travaillais beaucoup en solitaire. Depuis 5 ans, le DPCP privilégie la présence de deux avocats pour les dossiers de meurtre, de telle sorte que je travaille de plus en plus en équipe avec des collègues plus jeunes. C’est aussi la raison pour laquelle j’ai toujours le goût de continuer, même après toutes ces années. »

Me Bouthillier a pris part à des procès très médiatisés comme celui de Jocelyn Hotte, cet ancien policier de la GRC qui a été reconnu coupable d’avoir tué sa conjointe, et celui de Luka Rocco Magnotta. Les causes qui l’ont le plus marqué et dont il est plus fier d’avoir mené à terme sont celles qui concernent la maltraitance d’enfants, dont le procès de Stéphanie Meunier, accusée du meurtre du petit Jérémy Bastien-Perron.

Les procès devant jury sont des causes difficiles où les faits sont souvent choquants et où les accusés font face à des peines sévères. « La meilleure cause sur papier n’est pas toujours la plus facile. Règle générale, l’issue d’un dossier dépend avant tout des témoins et de la qualité de preuve : ce n’est pas souvent l’avocat qui fait la différence. » Me Bouthillier aime les interactions qu’il peut avoir avec le jury. « Mon moment préféré est le début et la fin d’un procès où l’on s’adresse directement au jury. C’est difficile, car on ne peut pas échanger directement avec les jurés. Toutefois, il y a des indices qu’on peut rechercher dans leurs regards, leurs expressions. On est avant tout là pour les aider à rendre justice et surtout pour les rassurer. »

Me Bouthillier trouve que son parcours est assez linéaire et classique. Toutefois, malgré ses responsabilités professionnelles, il est également un musicien d’orchestre accompli. Jouant du violon depuis qu’il a 4 ans, il a étudié au Conservatoire de musique de Montréal (qui se retrouvait à l’époque dans l’édifice où siège actuellement la Cour d’appel du Québec à Montréal). Après ses études en musique, il s’est joint, en 1985, à titre de premier violon, à l’Orchestre symphonique de Laval qui venait de voir le jour.

Me Bouthillier joue toujours pour l’OSL, même si, lors de certaines saisons, des procès l’empêchent de participer à tous les concerts de la programmation. Bien qu’il ait été tiraillé pendant plusieurs années entre le droit et la musique, il a eu un parcours de vie qui lui a permis de mener de front les deux carrières et a réussi à atteindre un certain équilibre entre ces deux univers qui ont quand même quelques points en commun : « En droit comme en musique, il faut beaucoup de préparation. Il est nécessaire d’avoir étudié sa partition avant la première répétition, comme il est crucial de travailler son dossier et bien préparer ses témoins avant de se présenter à la Cour. Qu’on le veuille ou non, ces deux carrières sont aussi stressantes. Dans un procès, le stress augmente lors des moments forts, notamment quand l’accusé témoigne : c’est là que tu as l’impression que tu peux faire la différence. »

Ayant le sentiment du devoir accompli, Me Bouthillier adore toujours autant sa carrière d’avocat et n’a pas le goût d’arrêter. Il se trouve chanceux d’avoir trouvé une profession qui le rend heureux de venir travailler au palais de justice jour après jour.

Chaque année, la médaille du Barreau de Montréal est remise à des personnes qui se sont démarquées par leur contribution pour la cause de la justice. Pour connaître les récipiendaires des années antérieures, cliquez ici.

En faisant revivre la chronique Figure de Maître, créée sous le bâtonnat de Me Lynne Kassie en 2000, le Barreau de Montréal souhaite mettre en lumière des avocats inspirants, auteurs de réalisations exceptionnelles et qui, à travers leurs actions, contribuent à faire rayonner la justice.

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