2018-2019 Me Doris Larrivée
Me Doris Larrivée : rien n’arrive pour rien
Par Gislaine Dufault, directrice des communications
(Article diffusé le 30 avril 2019)
La directrice générale du Barreau de Montréal, Me Doris Larrivée, a annoncé son départ pour une retraite bien méritée après 27 ans de fidèles et loyaux services. Pour souligner son apport exceptionnel au Barreau de Montréal, le bâtonnier Michel P. Synnott lui remettra le Prix Pierre-Fournier lors de l’assemblée annuelle qui se tiendra 8 mai prochain, à 17 h 30, à la salle Jules-Deschenes (5.15) du Palais de justice de Montréal. Ceux qui le souhaitent pourront venir la saluer et signer par la même occasion un livre-mémoire préparé à son intention.
Son rêve
D’aussi loin qu’elle se souvienne, la petite Doris rêvait de devenir enseignante. Élève douée, elle réussit très bien à l’école et se démarque particulièrement avec les mathématiques. C’est donc avec l’ambition de partager sa passion en enseignant cette science qu’elle s’inscrit à l’Université de Sherbrooke.
Cependant, les mathématiques scientifiques de l’université, qui n’avaient rien en commun avec les mathématiques préuniversitaires, s’avèrent moins passionnantes que prévu, tout comme les résultats qui en découlent. Elle bifurque donc vers le baccalauréat en administration, option « gestion des ressources humaines », avec l’espoir que ce secteur, qui comporte un volet enseignement, pourra satisfaire son vieux rêve.
Rien n’arrive pour rien, dira-t-elle.
En 1982, la jeune diplômée ne trouvant rien dans son domaine, accepte un poste qui pourrait être prometteur pour sa carrière, mais qui, au contraire, sème le doute sur son choix de profession. Qu’à cela ne tienne ! Vaillante, Doris retourne sur les bancs d’école, en droit cette fois, avec l’intention d’offrir éventuellement de la formation en entreprise sur le droit du travail et les ressources humaines.
En 1986, la jeune — mais de moins en moins — diplômée en droit est recrutée par McCarthy Tétrault. Elle met de côté son vieux rêve et amorce une carrière qu’elle souhaite fructueuse au sein de ce grand cabinet. Elle y passera trois ans, à pratiquer en valeurs mobilières et en droit immobilier, mais malgré la meilleure volonté du monde, après un court passage chez Ogilvy Renault (devenu Norton Rose Fulbright), elle a toujours l’impression de ne pas être là où elle devrait.
Le droit mène à tout
Fort heureusement, parallèlement à sa pratique du droit et sur les bons conseils de son mentor et ancien bâtonnier de Montréal, Me Jules O. Duchesneau, Doris s’implique dès son admission auprès du Jeune Barreau, dont elle fut administratrice de 1988 à 1990 et trésorière en 1990-1991, et du Barreau de Montréal. C’est d’ailleurs au cours d’une cérémonie de prestation de serment où elle agit comme bénévole qu’elle apprend que le Barreau de Montréal est à la recherche d’une adjointe pour le directeur général de l’époque, feu Me Maurice Boileau. Immédiatement, ses yeux bleus scintillent de mille feux. Penses-tu que…?
Rien n’arrive pour rien, dira-t-elle encore.
Enfin à la bonne place
C’est ainsi qu’en 1992, sous le règne du bâtonnier Alain Letourneau, Doris est embauchée comme adjointe au directeur général. Bonne élève, elle apprend vite les rudiments du Barreau. Bien qu’au départ, elle affirme ne pas avoir la flexibilité requise pour en devenir un jour la directrice générale, le temps fait son œuvre et une certaine maturité s’installe, à laquelle s’ajoute peu à peu la sagesse que lui transmet son prédécesseur. Au fil des ans, elle a de plus en plus l’impression d’être enfin à la bonne place. De bâtonnier en bâtonnier, elle se forge une réputation de compétence qui dépasse largement les limites de la section.
Dix ans et deux enfants (Catherine et Charles) plus tard, elle est officiellement nommée directrice générale par le bâtonnier d’alors, l’actuel juge en chef de la Cour suprême du Canada, le très honorable Richard Wagner.
Pour le bâtonnier actuel, Me Michel P. Synnott, « Doris a été — et je crois qu’il en va de même pour mes prédécesseurs — un véritable point d’ancrage. Sa mémoire corporative et ses précieux conseils font d’elle une conseillère de premier ordre. Par son soutien et son sens légendaire de l’organisation, elle est celle grâce à qui les bâtonniers rayonnent ». Doris a secondé quelque 18 bâtonniers vers l’atteinte de leurs objectifs, parfois facilement, parfois plus difficilement, mais toujours avec le même dévouement.
Pour les employés du Barreau de Montréal, Doris aura été une patronne dévouée, efficace, sensible et sincère, qui ne dit pas nécessairement tout ce qu’elle pense, mais qui pense assurément tout ce qu’elle dit. Si elle dit qu’elle vous trouve brillant, c’est qu’elle le pense vraiment. Si elle dit que vous l’impressionnez au plus haut point, c’est qu’elle le pense vraiment. Si elle ne vous dit rien… euh… c’est ça !
Le rêve se réalise… enfin !
Au crépuscule d’une carrière admirable, Me Larrivée a le sentiment du devoir accompli. Le Barreau a sa nouvelle maison, l’équipe en place est stable et le nouveau directeur général, Me Jack Chadirdjian, semble de plus en plus à l’aise dans ses chaussures, à condition qu’on en retire les talons hauts !
Qui plus est, son départ à la retraite lui permet de réaliser enfin son rêve de petite fille puisque depuis le 15 avril dernier, elle enseigne à son successeur tout ce qu’il y a à savoir sur cette noble institution.
Rien n’arrive pour rien, dira-t-elle enfin.
Chère Doris, au nom des employés et de tous les membres du Barreau et de la Magistrature qui ont profité de tes services, de ta sagesse et de tes précieux conseils, merci et bonne retraite.